septantecinq a écrit :Pardon, Utnapishtim, mais ton post me donne envie de causer
C'était le but ! Et c'est un plaisir d'avoir une réponse courtoise et argumentée...
... d'autant plus que je craignais que mon intervention ne fasse partir le topic en sucette. Les apparences sont probablement trompeuses, mais je ne cherche pas le castagne, contrairement à ce qu'on pourrait peut-être penser en me lisant ; c'est juste que j'aime bien me faire l'avocat du diable...
septantecinq a écrit : Je trouve la jaquette plutôt sobre : je l'ai sous les yeux.
Ce n'est pas la jaquette en elle-même qui me dérange. Du point de vue du design, je la trouve sympa, sans plus. C'est plutôt ce qu'il y a marqué dessus qui me gène, en fait.
septantecinq a écrit :Attention a ne pas honnir le marketing sans percevoir son usage : il s'agit des techniques et moyens permettant de faciliter la rencontre entre l'offre et la demande sur un marché donné. Personne n'y échappe à un moment donné... Cherches donc un boulot et tu feras en sorte de marketer. Même quand on se fait beau pour aller draguer on "markete son offre"...
Ce n'est pas une question de principe, mais de moyens face à un objectif.
C'est ce que disent souvent les spécialistes en marketing pour défendre leur profession, mais les choses sont un peu plus compliquées que ça.
Le marketing, comme tu le remarques toi-même, c'est finalement un peu comme la drague. On peut faire les choses avec une éthique et chercher une relation saine ; on se mettra alors simplement en valeur, pour rendre ses atouts et ses qualités naturelles plus visibles, et maximiser ainsi les chances de rencontrer quelqu'un à qui l'on plaira...
Et à l'extrême inverse, on peut se comporter comme une ordure, être bassement intéressé et vouloir juste mettre le maximum de filles dans son lit. Dans ce cas, on se pare des plus beaux atours pour passer pour quelqu'un de "'meilleur" et de plus attractif qu'on ne l'est vraiment, on promet monts et merveilles — parfois de façon implicite... Et la demoiselle, qui pensait être tombée sur un grand romantique qui lui promettait un amour éternel, risque d'être bien étonnée et déçue d'être larguée dès le lendemain par un goujat.
Le truc, c'est que la frontière entre la mise en valeur et la publicité mensongère est très floue... et que le marketing navigue souvent entre ces deux eaux. Voire même dans un contexte où il y a beaucoup d'argent en jeu, où le marché est réduit et/ou la concurrence est forte, les services commerciaux n'auront aucun scrupule à s'asseoir sur l'éthique.
Ça arrive plus souvent qu'on ne le pense. Je pense par exemple à une célèbre marque de yaourts supposés "renforcer les défenses naturelles", études scientifiques à l'appui, alors que lesdites études ne montraient pas le moindre résultat ni effet significatif d'un point de vue médical...
Bref, je ne crois pas qu'on en soit à une telle extrémité dans le cas du DVD de Raf'. Heureusement. Et comme je ne l'ai pas vu, je ne peux pas critiquer son contenu de toute façon.
Mais le texte de la jaquette du DVD, qui cherche à vendre du rêve (à quoi servent tous les clichés sur l'Oz — aborigènes, kangourou, terre rouge, etc — si ce n'est à inviter au voyage et au dépaysement ?) au détriment du fond de la méthode elle-même, m'évoque ce marketing dévolu et ses méthodes. Et pour moi, c'est une forme d'opportunisme.
septantecinq a écrit :Malheureusement, cette authenticité existe-t-elle encore chez les Aborigènes ?
Attention, ce n'est pas une critique de ton post, mais une question que j'espère sérieuse.
C'est un très bonne question, elle ne me choque pas du tout.
L'authenticité est un sujet très complexe. Je n'ai pas l'impression que les joueurs de didge français s'en préoccupent beaucoup (et franchement, ce n'est pas plus mal), mais les musiciens folks se cassent la tête dessus depuis au moins 30 ans sans avoir trouvé de vraie réponse à cette question. Je ne vais pas dévier dans le hors-sujet ici, mais si on ouvre un topic pour en discuter, je serai ravi d'y participer et de donner mon avis.
Cela dit, la question de l'authenticité chez les aborigènes est une chose ; l'authenticité implicitement affichée par la méthode de Raf' en est une autre.
Je réitère mes questions ci-dessus : en quoi le fait que les vidéos aient été tourné en Australie apporte-t-il quoi que ce soit à la méthode ? Si Raf' n'avait pas eu « d'amis aborigènes » (sic), sa méthode aurait-elle été moins bonne ?...
septantecinq a écrit :Sauf que le Dijdj est né en Australie, donc ce n'est pas un cliché mais un fait historique. Et puis d'ailleurs, si çà te choque, que dis-tu de la banière d'FD ci-dessus. Franchement, c'eût été ballot de la part de Raph de mettre un plan de Paname sur son DVD, non ???
Non, bien sûr...
... Mais j'ai tendance à croire que quelque chose qui joue moins sur les clichés, qui flatte moins les préjugés caricaturaux du public, aurait été souhaitable. Le didgeridoo français n'a plus grand chose d'australien à part sa lointaine origine : il est d'une conception différente des yidakis et magos traditionnels, il est bien souvent sandwitché dans une essence locale, on en joue avec des techniques qui n'ont rien d'aborigènes voire plus rien d'australien du tout (je pense au style moderne à base de beatbox)...
J'ai le sentiment que tant que cette distinction n'aura pas fait son chemin, le didgeridoo continuera à être perçu par le grand public comme un simple klaxon juste bon à faire du bruit ou à donner une couleur vaguement ethnique, et non pas comme le vrai instrument de musique qu'il est.
J'ai regardé, cela vient de l'étude d'Alice Moyle
The Australian didjeridu: A late musical intrusion, publiée dans le magazine
World Archeology. On peut trouver facilement l'article sur le net par des moyens plus ou moins légaux (mais c'est maaaaal

), ou à l'aide de code d'accès comme certaines universités en donnent à leurs étudiants.
Le didgeridoo s'acoquine souvent avec le milieu new-age et il traîne derrière lui une image d'instrument tribal donc primitif, c'est ce qui explique à mon avis qu'on en ait fait « l'instrument le plus ancien du monde » (alors que techniquement, il s'agirait plutôt de la flûte ou de l'arc à bouche).
Les indices historiques ne permettant pas de tracer le didgeridoo avant 2000 ans. Le fait est là. Ça ne veut pas dire que le didgeridoo n'est pas plus ancien que cela (il a peut-être
réellement 60 000 ans, ce qui veut dire qu'il serait plus vieux que les aborigènes d'Australie eux-même !), mais on reste dans la spéculation et les hypothèses hasardeuses.
Il y a déjà suffisamment de préjugés et d'idées fausses qui circulent au sujet du didgeridoo, je ne suis pas sûr qu'il soit opportun de diffuser celle-ci...