article sur les aborigènes, décembre 2004

La culture
Aborigène en Australie à travers la peinture, les légendes, la vie de tous les jours
Miss_Naty

article sur les aborigènes, décembre 2004

Message par Miss_Naty »

AUSTRALIE - Pourquoi encore humilier les Aborigènes ? courrier international, n° 736, 9 décembre 2004



Selon un projet de loi du gouvernement conservateur, il faudra faire preuve d’un comportement “responsable” pour bénéficier des prestations sociales de l’Etat. Le problème, c’est que les Aborigènes seront les seuls à y être soumis.


Imaginez le scénario suivant : vous habitez un hameau perdu au cœur du désert, dans une maison qui a été construite par le gouvernement australien. Quinze personnes vivent sous le même toit, dont six enfants en âge d’aller à l’école. Les canalisations d’eau sont crevées et les toilettes bouchées. Le point d’eau le plus proche se trouve à 100 mètres. Il n’y a pas assez de lits, et vous dormez donc à quatre sur le même matelas ou même par terre. Vous n’avez pas de machine à laver et vous faites votre lessive à la main. Le générateur qui vous fournit l’électricité tombe parfois en panne. Quand c’est le cas, tous les produits frais qui se trouvaient dans votre réfrigérateur sont perdus. De toute façon, les produits frais sont livrés par avion et sont hors de prix, surtout pour les petits salaires et les chômeurs. Votre famille se nourrit donc presque exclusivement de pain et de conserves. Cette solution vous permet de dépenser moins et vous n’avez plus besoin de frigo. Certains adultes ne sont pas en très bonne santé, car un régime carencé en fruits et légumes apporte son lot de maladies chroniques.
Vous voulez que l’on vienne réparer la plomberie de la maison et les carreaux cassés. Vous demandez à votre propriétaire, l’Etat, de s’acquitter de ses obligations pour la réparation et l’entretien de votre logement. Mais l’Etat refuse. Il ne fera rien, parce que votre communauté a signé un de ces nouveaux accords, les Shared Responsibility Agreements [accords de responsabilités partagées], où il est stipulé que, tant que les enfants n’iront pas à l’école 80 % du temps et qu’ils ne se laveront pas tous les jours, personne ne viendra faire de réparations.
Ce scénario risque de devenir bientôt une réalité pour des milliers d’Aborigènes australiens. Selon des documents qui ont filtré du gouvernement, les services et les prestations sociales offerts par l’Etat dépendront désormais du “changement de comportement” des bénéficiaires, c’est-à-dire des Aborigènes. Ce projet de loi recommande même l’usage de “la carotte et [du] bâton”, comme des vélos et des séances de cinéma pour les enfants qui ne font pas l’école buissonnière. Une question se pose : comment une telle proposition de loi a-t-elle pu être envisagée ? Comment le gouvernement peut-il exiger des Aborigènes qu’ils signent ces accords dont dépendront les services élémentaires et les prestations sociales auxquels ils ont pourtant droit en tant que citoyens ? Pourquoi le reste de la population australienne ne serait-il pas soumis au même régime ? Ces propositions font preuve d’une discrimination des plus injustes envers les Aborigènes et du paternalisme le plus abject.

Toute approche autoritariste est inutile

Seulement 30 % des Aborigènes australiens vivent jusqu’à 65 ans, contre 87 % des autres citoyens australiens et 60 % – soit le double – de la population du Bangladesh ! Dans de nombreuses communautés aborigènes, les infrastructures sont pratiquement inexistantes, à cause de l’isolement, du climat et des problèmes d’entretien. Les opportunités de travail et de formation sont rares et de nombreuses communautés très isolées ne peuvent offrir d’enseignement secondaire. Malgré la rhétorique du gouvernement sur l’individualisme et l’esprit d’entreprise, personne ne se préoccupe de l’indépendance économique des Aborigènes. Et pourtant, selon le gouvernement Howard, les Aborigènes seraient seuls responsables de leur santé précaire, de leur pauvreté et de leur manque de formation. Ils en sont seuls responsables et ils doivent donc entreprendre de “changer de comportement” pour remédier à leur situation et rattraper leur retard. Il faudrait au contraire soutenir tous les partenariats locaux entre le gouvernement et les communautés aborigènes et les associations qui cherchent à améliorer les conditions de vie et développer les posssibilités de travail pour ces populations. Sans la participation de la communauté aborigène, nous ne verrons jamais de changements sociaux profonds. Toute approche autoritariste est inutile. Quand les Aborigènes travaillent en collaboration avec le gouvernement et les associations, c’est là que les choses commencent à bouger, et les exemples de réussite ne manquent pas. Nous devrions tous prendre à cœur de voir ces gens participer à une économie qui les inclut vraiment.
Mais ce n’est pas du tout ce que cette nouvelle mesure cherche à favoriser. Ces accords d’un genre nouveau seront imposés à des gens qui ne sont pas en mesure de résister aux pressions bureaucratiques. Quant au respect, à la solidarité et à la coopération, ils sont inexistants dans ces accords. L’Australie est le seul pays colonisateur à ne pas avoir encore présenté ses excuses aux Aborigènes qui ont été dépossédés de leurs terres. De nombreux Aborigènes continuent à souffrir directement de cette spoliation. Aujourd’hui notre gouvernement, outre son refus de s’excuser, veut humilier ses citoyens aborigènes en leur refusant l’accès à ses services tant qu’ils ne se conformeront pas à certains types de comportements. Or, pour nombre d’entre eux, qui vivent dans le dénuement le plus total, c’est tout bonnement impossible.


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Re: article sur les aborigènes, décembre 2004

Message par Titou »

salauds de pauvres!
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